Le cajon : un instrument de percussion original et accessible
Parmi les instruments de percussion, il en est un qui surprend autant par son apparence que par sa sonorité : le cajon. À première vue, il ressemble à une simple caisse en bois, mais une fois qu’on s’assoit dessus et qu’on frappe sa surface, il révèle toute une palette sonore, du grave profond au claqué sec. Ce “drum box” venu d’ailleurs a conquis les musiciens du monde entier. Sa popularité a explosé ces dernières années grâce à sa simplicité d’utilisation, sa qualité sonore et surtout son format compact : facile à transporter, il trouve sa place aussi bien en studio que dans la rue.
Qu’est-ce que le cajon ?
Le cajon est un instrument de percussion atypique. Il intrigue par son aspect : une boîte en bois sur laquelle on s’assoit pour en faire jaillir des sons graves et aigus simplement en frappant sa plaque frontale. Mais ce n’est pas seulement son look qui séduit : sa sonorité chaleureuse, son accessibilité et son histoire riche en font un incontournable de la percussion moderne.
Origine et histoire du cajon

Le cajon est né au Pérou au XVIIIe siècle, à l’époque coloniale. Faute d’instruments autorisés, les esclaves africains utilisaient des caisses de transport, souvent destinées aux marchandises, comme percussions improvisées. De cette contrainte est née une nouvelle forme d’expression musicale, rythmée et puissante. Avec le temps, le cajon a quitté les rues de Lima pour s’imposer dans la musique traditionnelle afro-péruvienne, avant de voyager en Espagne où le guitariste Paco de Lucía l’a popularisé dans le flamenco dans les années 1970.
Les caractéristiques d’un cajon
Un cajon est généralement construit comme une caisse rectangulaire mesurant environ 50 x 30 x 30 cm, mais ses dimensions peuvent varier selon les séries et les fabricants. Sa structure repose sur plusieurs éléments :
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Le bois : le plus souvent du bouleau ou d’autres essences robustes pour garantir un son équilibré et une bonne projection.
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La caisse : elle sert de caisse de résonance et influe directement sur la profondeur du son.
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La plaque de frappe (ou tapa) : fixée sur la face avant, c’est la surface que le musicien frappe.
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Le système interne : certains cajons contiennent des cordes ou des timbres (inspirés de la batterie) pour enrichir les sonorités.
Le résultat est une palette sonore étonnante : graves profonds quand on frappe le milieu de la plaque, claqués secs et brillants sur le dessus, et toute une gamme de sons intermédiaires qui offrent une expressivité proche d’un kit de batterie réduit.
Dans quels styles de musique utilise-t-on le cajon ?
Instrument hybride et polyvalent, le cajon a trouvé sa place dans de nombreux genres musicaux. Il reste indissociable du flamenco, où il apporte une puissance rythmique à la guitare et au chant. On le retrouve aussi dans les musiques latines et afro-caribéennes, où ses accents graves rappellent la pulsation du tambour.
Mais sa simplicité de transport et sa qualité sonore ont élargi son usage bien au-delà : le cajon est devenu l’allié des groupes de rue, des formations acoustiques et des musiciens en studio cherchant une alternative compacte à la batterie. Aujourd’hui, il s’intègre même dans la musique pop, le jazz ou encore les sets unplugged, prouvant que cette boîte en bois n’a rien d’anecdotique.
Les différents types de cajons

Même si le cajon garde toujours cette allure de “boîte sonore”, il existe en réalité plusieurs déclinaisons. Les deux grandes familles sont le cajon à timbre (ou à cordes), très utilisé en flamenco, et le cajon bongo (péruvien), plus proche de l’instrument d’origine. Chacun possède ses spécificités de fabrication et sa couleur sonore.
Le cajon à timbre ou à cordes (Flamenco)
On l’appelle souvent cajon flamenco, car c’est grâce à Paco de Lucía que ce modèle s’est imposé dans les années 1970. Son secret réside dans ce qu’il cache à l’intérieur : un système de cordes ou de timbres qui enrichit et colore le son. La frappe produit alors un claqué brillant et précis, idéal pour accompagner la guitare flamenca.
Les systèmes les plus répandus sont :
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Cordes acoustiques type guitare : tendues à l’intérieur de la caisse pour un effet claquant.
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Cordes métalliques : apportent un son plus agressif, proche de la caisse claire.
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Petites clochettes ou accessoires internes : pour ajouter des nuances sonores originales.
Chaque variation donne une personnalité différente au cajon et permet d’adapter l’instrument aux besoins du musicien.
Le cajon bongo (péruvien)
Le cajon bongo, ou cajon péruvien, est la version originelle de l’instrument. Ici, pas de cordes ni de timbres : l’intérieur est vide, et c’est simplement la caisse et la plaque de frappe qui définissent les sons. Cette conception minimaliste donne un timbre plus naturel, percussif et brut.
Aujourd’hui, on en trouve sous différentes formes adaptées aux besoins modernes :
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Mini cajon bongo : un format réduit qui complète une batterie ou un kit de percussions (en double ou en simple).
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Cajon rectangulaire : à poser sur les genoux.
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Cajon bongo plat : à poser également sur les genoux. Malgré sa structure très fine, il conserve une sonorité très intéressante (sèche et claire).
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Modèles en T : comme le Meinl TOPCAJ2WN Slaptop Cajon Walnut. Une forme particulière assez récente avec une sonorité spéciale.
Le cajon bongo séduit par sa simplicité et son authenticité : c’est le lien direct avec l’histoire du cajon péruvien.
Combien coûte un cajon ?
Le prix d’un cajon peut varier énormément selon la gamme, les matériaux et la marque. L’entrée de gamme démarre autour de 100 €, tandis que certains modèles professionnels haut de gamme dépassent les 800 €. Pour un débutant, le choix est vaste entre 100 et 200 €, une tranche de prix où l’on trouve déjà des instruments fiables et agréables à jouer.
Exemples de cajons selon les gammes de prix :
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Marque |
Modèle |
Matériau |
Dimensions |
Prix |
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Latin Percussion (LP) |
Corps en MDF écologique |
48 x 30 x 30 cm |
100 – 150 € |
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Meinl |
Bouleau |
50 x 30 x 30 cm |
150 – 200 € |
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Schlagwerk |
Bouleau |
50 x 30 x 30 cm |
250 – 300 € |
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Schlagwerk |
Bouleau |
50 x 30 x 30 cm |
350 – 400 € |
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Nativo Percussion |
Chêne |
50 x 30 x 33 cm |
500 – 550 € |
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Meinl |
Bois massif de tulipier de Virginie |
48 x 29 x 30 cm |
850 – 900 € |
Quel cajon choisir pour débuter ?
Contrairement à la guitare ou au piano, il n’existe pas vraiment de « cajon pour débutant ». On peut très bien commencer sur un modèle d’entrée de gamme autour de 100 €, comme investir directement dans un instrument haut de gamme à 500 € ou plus. Tout dépend de votre budget et de vos envies.
Cela dit, si vous découvrez l’instrument et que vous souhaitez d’abord tester votre motivation, mieux vaut viser une fourchette entre 100 et 200 €. On y trouve déjà des cajons fiables, agréables à jouer et capables d’accompagner aussi bien un apprentissage en solo que des sessions en groupe. Et rassurez-vous : ces modèles ne sont pas réservés aux débutants. Certains musiciens expérimentés continuent d’utiliser des cajons dans cette gamme de prix, car ils offrent un excellent rapport qualité/prix.
Focus sur quelques marques reconnues

Certaines marques se sont imposées comme références incontournables dans le monde du cajon. Que ce soit pour leur qualité de fabrication, leur variété de produits ou leur innovation sonore, ces fabricants sont devenus des choix sûrs pour les percussionnistes :
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Meinl : l’une des marques les plus populaires, avec des séries allant du modèle débutant au cajon artisan professionnel.
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Latin Percussion (LP) : pionnier des percussions latines, LP propose des cajons accessibles et robustes.
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Nativo Percusion : marque artisanale réputée pour ses instruments haut de gamme et ses finitions soignées.
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Schlagwerk : référence allemande, connue pour ses modèles innovants et la qualité de son bois.
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Sela : marque allemande également, qui a su se faire un nom avec des cajons modernes, polyvalents et abordables.
Les accessoires du cajon
Si le cajon se suffit à lui-même pour offrir un jeu riche et varié, de nombreux accessoires permettent de l’adapter aux besoins de chaque musicien. Certains sont pensés pour le confort et la protection de l’instrument, comme la housse de protection, le tapis antidérapant ou encore le coussin d’assise qui évite les longues sessions inconfortables. D’autres, en revanche, transforment le cajon en véritable kit de percussion, en élargissant la palette sonore.
Voici quelques exemples d’accessoires incontournables :
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Castagnettes pour cajon : se fixe sur la main et permet d’ajouter des claqués secs.
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Tambourin compact : s’installe sur le pied et enrichit le rythme de petits accents métalliques.
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Support micro : placé à l’arrière du cajon, il capte et amplifie le son pour le jeu en concert ou en studio.
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Shaker : porté sur le pied, il ajoute un son de percussions légères, idéal pour compléter un groove.
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Multiclaps : fixés directement sur le cajon, ils offrent de nouvelles sonorités claquées et variées.
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Batte de grosse caisse avec pédale : transforme le cajon en véritable substitut de grosse caisse pour accompagner une batterie ou créer un groove plus puissant.
Avec ces accessoires, le cajon se transforme en une véritable mini batterie acoustique, offrant une palette rythmique étonnamment proche d’un kit complet tout en conservant sa simplicité et son format compact.
Le cajon est-il difficile à apprendre ?

Bonne nouvelle pour les curieux : le cajon fait partie des instruments de percussion accessibles. Les bases se prennent très vite, et il suffit de quelques minutes pour réussir à sortir un rythme simple et entraînant (si vous avez le sens du rythme bien évidemment). C’est l’un de ses grands avantages : on peut rapidement se faire plaisir, même sans avoir jamais touché à une batterie ou tout autre instrument.
Bien sûr, comme pour tout instrument, atteindre un niveau avancé demande du temps, de la pratique et une vraie maîtrise des différentes techniques de frappe. Compter les temps, varier les sons, développer la précision et l’endurance sont des étapes indispensables pour progresser. Mais globalement, apprendre le cajon reste beaucoup plus rapide qu’apprendre la batterie.
Apprendre à jouer du cajon : nos conseils
Pour bien progresser et éviter de prendre de mauvaises habitudes, il existe quelques astuces essentielles. La posture et la maîtrise des techniques de frappe font toute la différence entre un jeu approximatif et un son vraiment musical.
La bonne position pour jouer confortablement
La posture est la base d’un jeu fluide. Le cajon se joue en position assise, directement posé sous soi (pour les modèles classiques) :
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Position idéale : s’asseoir relativement droit, les deux pieds au sol, les cuisses légèrement écartées et le dos calé sans tension.
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À éviter : s’asseoir trop en arrière (on perd en puissance et en précision), trop se voûter (risque de douleurs de dos)
Cette position permet de jouer longtemps sans gêne, tout en gardant une bonne amplitude de frappe.
Les zones de frappes du cajon
Pour bien maîtriser le cajon, il faut comprendre comment fonctionne la tapa, c’est-à-dire la plaque de frappe située à l’avant. Elle n’est pas uniforme : selon l’endroit où l’on tape, le son change radicalement. On peut schématiser la surface comme un grand T : les coins et le haut pour les sons claqués, le centre pour les graves.
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Zone 1 - les coins supérieurs : c’est ici qu’on obtient un son proche de la caisse claire, surtout sur les cajons équipés de timbres ou de cordes. Pour bien faire ressortir l’effet claqué, placez la main à 45°, la paume couvrant légèrement le coin, et frappez avec énergie.
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Zone 2 - le haut de la plaque, en dessous du bord : cette zone donne un son aigu et claqué, mais sans activer les cordes internes. Attention à ne pas taper trop haut sur la partie pleine du bois : juste en dessous du bord, la résonance est optimale.
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Zone 3 - le centre de la plaque : c’est la zone de la basse. En frappant avec la paume au milieu, on obtient un son profond et rond, comparable à une grosse caisse. Gardez le dos droit et laissez le poignet venir naturellement au niveau de l’arête pour gagner en puissance.
Techniques de frappe essentielles
Le cajon offre une palette sonore surprenante pour une simple boîte en bois. La qualité du son dépend directement de la technique de frappe.
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Technique |
Description |
Son produit |
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Basse (Bass tone) |
Paume entière frappée au centre de la plaque. |
Son grave, profond, proche d’une grosse caisse. |
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Claqué (Slap) |
Doigts détendus frappant le haut de la plaque, souvent sur les coins. |
Son sec, claqué, proche d’une caisse claire. |
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Tap (ou Touch) |
Frappe légère avec le bout des doigts ou la main relâchée. |
Son discret, utilisé pour marquer le rythme. |
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Sons intermédiaires |
Paume ou doigts frappés entre le centre et le bord de la plaque. |
Nuances médium, intermédiaires entre grave et aigu. |
Où apprendre le cajon ?
Le cajon est sans doute l’un des instruments les plus simples à apprendre en autodidacte. Là où un violoniste débutant risque de faire souffrir ses voisins (et ses oreilles) pendant des mois, un joueur de cajon peut déjà sortir un rythme convaincant après quelques minutes. C’est ce qui en fait un instrument accessible à tous.
Mais si l’on veut progresser rapidement, enrichir son jeu et éviter les mauvaises habitudes, il est toujours préférable de bénéficier d’un accompagnement, que ce soit en cours particuliers, via des méthodes ou des plateformes en ligne.
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Méthode |
Explication |
Vitesse d’apprentissage |
Coût |
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Cours particuliers avec un professeur |
Suivi personnalisé, correction immédiate des erreurs, progression adaptée au niveau. |
Rapide et régulier |
Prix élevé (€€€) |
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Tutoriels gratuits sur YouTube |
Contenu varié, accessible partout, idéal pour débuter et découvrir différents styles. |
Rapide au début, mais limité sur le long terme |
Gratuit (€) |
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Plateformes et cours en ligne payants |
Vidéos structurées, méthodes progressives, parfois accompagnées de partitions et exercices. |
Rapide si régulier |
Prix intermédiaire (€€) |
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Support papier ou PDF, avec explications et exercices à suivre étape par étape. |
Progression plus lente |
Prix intermédiaire (€€) |
FAQ :
Comment appelle-t-on un joueur de cajon ?
On appelle un joueur de cajón un cajonero en espagnol, ou parfois « cajoniste » en français. Ce terme désigne tout musicien qui pratique cet instrument de percussion, qu’il soit amateur ou professionnel.
Que veut dire cajon ?
En espagnol, cajón signifie littéralement « caisse » ou « grand tiroir ». Ce nom fait directement référence à la forme simple et rectangulaire de l’instrument, qui ressemble à une boîte en bois.
Quel instrument est le plus proche du cajon ?
L’instrument qui se rapproche le plus du cajon est la batterie, car il peut en reproduire les graves de grosse caisse et les claqués de caisse claire dans un format réduit. On le compare aussi parfois aux tambours traditionnels (congas, djembés) pour son jeu percussif direct et sa richesse sonore.
Est-ce que le cajon est adapté aux enfants ?
Oui, le cajon est parfaitement adapté aux enfants : sa taille compacte et sa simplicité de jeu en font un instrument accessible dès le plus jeune âge. De plus, il développe le sens du rythme et la coordination tout en restant relativement silencieux comparé à une batterie classique.



